Article de Angiola Rocca, professeure suppléante du Conservatoire populaire – 07.04.20

Choisis un lieu tranquille sans distraction, assieds-toi dans une position confortable avec le dos droit et les épaules relâchées, ferme les yeux et prends quelques respirations profondes. Imagine de te retrouver au bord de la mer et de faire une promenade sur la plage, remarque les rayons de soleil sur la surface de l’eau, la couleur du ciel, les nuances du sable. Ecoute le rythme lent et régulier des vagues sur la plage, le cri des mouettes en haut dans le ciel, la sirène d’un bateau qui passe au large. Sens le parfum du sel la sensation de l’air qui a caressé ta peau les pieds qui rentrent dans le sable tiède, remarque toute sensation que tu ressens; quand tu as fini ouvre les yeux.

 

Et si on répétait cet exercice en visualisant un souvenir, une image qui te fais plaisir ? Tu peux la recréer dans ta tête en utilisant tous tes sens avec le plus possible des détails. Quels sont les couleurs autour de toi ? Les parfums? Tu as chaud, froid ou tu es bien ? Qu’est-ce que tu ressens sous les pieds, dans les mains, dans le dos, dans ton corps ? Si une image te vient à l’esprit soudainement laisse-la venir, observe , rentre dans les détails, promène-toi dans l’image, marche autour des l’objets que tu vois.

 

Choisis un objet devant toi, tu peux l’observer pour quelques secondes, après ferme les yeux et regarde ce même objet dans ta tête, réouvre les yeux et regarde de nouveau l’objet, remarque quels sont les détails dont tu t’es rappelé et ceux que tu as oublié. Referme à nouveau les yeux et regarde l’image à l’intérieur de toi plus complète par rapport à la dernière fois, tu peux continuer ainsi pendant quelques minutes à créer des images mentales réelles ou de fantaisie.

 

Quand on n’est pas habitués il est parfois difficile de trouver tout de suite une image, un objet, un souvenir. C’est un effort déjà arriver à stopper le cerveau pour pouvoir imaginer ce qu’on veut ! On peut alors entraîner d’abord ces représentations en imaginant de toucher un tissu très fin et doux, une couverture d’un tissu plus épais comme du velours, une surface froide et lisse comme du verre, rugueuse comme le crépis ou la peinture du mur, un crayon papier ou un bout de bois… on peut également entraîner des images auditive en imaginant par exemple, le bruit du papier d’une page qui se tourne, des vagues sur les rochers, des voitures en ville (avant les restrictions de cette période) , du vent dans les arbres, des assiettes quand on met le couvert, la voix de ton chanteur préféré, … le son de ton instrument !

 

Et si on faisait les mêmes expériences avec un morceaux que tu es en train de travailler ?

 

 

Ferme les yeux et imagine ton morceau.

 

Remarque la première chose qui te vient à l’esprit.

S’agit-il de la visualisation de la partition ? Du clavier ? De tes mains? S’agit-il du son de la mélodie ?

Des notes en robe de soirée qui chantent fort leur nom ?

Peut-être tu imagines le mouvement de tes doigts sur le clavier, la respiration de la phrase musicale, la pulsation rythmique…

 

Tu peux garder la partition devant toi, re-ouvrir les yeux pour la regarder quelques instants avant de les refermer et remarquer si le souvenir et l’image du morceau te semblent plus complets par rapport à avant.

 

Cherche à avoir une idée le plus possible détaillée. Demande-toi où sont les changement d’harmonie ? Est-ce que je fais les nuances écrites ? Il y a-t-il des caractères différents ? Suis-je en train de vivre vraiment ces différences et ces changements ? Quelle couleur je peux associer au Forte , et au Piano ? Quel personnage rentre en scène? Quelle matière je peux associer à ce passage – de la colle, de la soie, de la boue, des plumes ? Quels parfums je peux imaginer pour les notes basses – du chocolat, des fleurs, un gâteau ?

 

Voici une expérience à réaliser avec ta famille en cette période où on se retrouve tous à la maison :

 

Sur une feuille de papier dessine trois colonnes. Dans la première écris quatre différentes matières (ex. marbre, mousse, vapeur…)  dans la deuxième quatre différentes sensations (ex. chaud, froid…) , dans la troisième quatre différentes attitudes (fatigué, heureux..) que ton morceau te suggère et d’autres qui n’ont rien à voir.

Choisis un élément par groupe.

Appelle ta famille et joue ton morceau une première fois en essayant de te concentrer sur les éléments choisis. Cherche dans ton interprétation de leur transmettre ces éléments. Demande-leur de te dire quels sont les éléments qu’ils ont retrouvé dans ton jeu. Vous recevez un point pour chaque élément deviné.

Amuse-toi à ajouter les éléments qui n’ont rien à voir (par exemple si c’est un morceau comme une marche tu peux t’amuser à jouer en pensant aux nuages…) et vois s’ils arrivent quand même à repérer cet élément !

 

N’oublie pas que en jouant un morceau tu deviens co-créateur, c’est grâce à toi que le public peut découvrir des aspects qui sont cachés dans la partition et le message, l’image, l’histoire que le compositeur veut passer dépend de toi !

 

 

Pour approfondir je vous propose un article publié par Léopold Tobisch sur France Musique :

Voir la musique… Que sont la synesthésie et la chromesthésie? cliquez ici