Découvrez 6 conseils pour déchiffrer une partition!
Article de Sylvia Adami Ducasse, professeure de piano au Conservatoire populaire – 19.03.20
Voici un article qui m’a interpellée, car il reprend plusieurs points sur lesquels j’insiste auprès de mes élèves de piano, au moment de déchiffrer une nouvelle pièce : ne pas s’attacher uniquement aux notes, mais plutôt à l’expression musicale qui se cache derrière ces notes. S’intéresser dès la première lecture, à l’aspect expressif d’une pièce, ses phrasés, ses nuances, permet de dépasser le côté parfois rébarbatif du déchiffrage d’une nouveau morceau. Et…j’adore la citation de Mozart…
Silvia Adami Ducasse
Comment déchiffrer?
Extrait d’un article d’Alexandre Sorel, paru dans Pianiste novembre-décembre 2018
Conseil n° 4
Prenez toujours soin de changer votre pédale avec la basse. Saisissez bien votre basse dans la pédale. C’est une question d’écoute avant d’être un exercice de pied ! Lisez donc de bas en haut. Un jeu sans une ligne de basses nuancée est comme une maison sans fondations. Cela ne veut pas dire qu’il faut la jouer plus fort !
Conseil n° 5
Notre oreille est attirée spontanément pas la mélodie. En revanche, il est plus difficile de suivre les parties d’accompagnement. En déchiffrant, concentrez-vous sur les parties secondaires. Surveillez leur vitesse, ne les pressez pas. Nuancez-les. La mélodie va souvent moins vite : vous l’entendrez toujours.
Conseil n° 6
Calez la vitesse de votre déchiffrage sur la vitesse à laquelle vous pouvez jouer les valeurs les plus brèves (les notes rapides). Lire les notes, soit ! Mais à quelle vitesse allez-vous les réciter ? C’est aussi important. Ne négligez pas la texture de la musique, écoutez aussi la vitesse des parties secondaires.
En résumé, en déchiffrant, visez tout de suite à produire la plus belle musique possible, celle qui touche le cœur et l’âme. Accordez-lui avec soin tous ses éléments : rythme, appoggiatures, nuances, parties secondaires, tempo. Et si pour cela vous devez déchiffrer un peu plus lentement, qu’importe ? En somme, pour déchiffrer, suivez les conseils de Mozart !
Pianiste et professeur français (1916-2008)
« Comment jouer… » n° 4. Les estampes de Debussy, entretien avec Michel Béroff, éd. Symétrie, p. 47
Lettre n° 104, 17 janvier 1778. In Lettres de W. A. Mozart, Hachette 1888, BNF, Gallica, p. 164.
Conseil n° 1
Déchiffrez d’emblée avec le caractère du morceau. La musique exprime un sens, un message affectif. Rien ne sert donc de lire des notes à la manière d’une voix synthétique. Donnez de l’expression à votre déchiffrage, vous lirez mieux « les notes ».
Conseil n° 2
Lisez aussi les phrasés et les nuances. Pierre Sancan 1 disait : « Travaillez avec les nuances dès le début, sinon vous perdez du temps… ». J’ai demandé un jour à Michel Béroff comment il déchiffrait une œuvre pour la première fois. Il me répondit : « Je ne crois pas du tout en un travail disséqué qui consisterait à se dire : je vais apprendre les notes et ensuite je travaillerai l’expression ».2 L’expression est première. Dès le premier moment où l’on pose les doigts sur une oeuvre, il faut être attentif au son, à l’articulation.
Conseil n° 3
Ne déchiffrez pas trop vite. Mozart insistait sur ce point. Dans une lettre à son père, il se plaint d’un déchiffrage de ses œuvres par un nommé Vogler : « Avant le dîner, il avait bredouillé alla prima vista mon concerto (…) Le premier morceau fut exécuté prestissimo, l’andante allegro et le rondo tout à fait prestissimo. Il jouait généralement une autre basse que celle qui était écrite ; de temps en temps, il faisait une harmonie toute différente ; de même pour la mélodie. Ce n’est du reste pas possible autrement quand on joue si vite ! Les yeux n’ont pas le temps de voir, ni les doigts de trouver les touches. Un tel déchiffrage n’a pour moi aucune valeur (…) C’était insupportable. Au reste, c’est bien plus facile de jouer un morceau vite que lentement (…) Et en quoi consiste donc l’art de lire à première vue ? En ceci : jouer le morceau dans son vrai mouvement, rendre toutes les notes, toutes les appoggiatures, etc. avec l’expression et le goût convenables et comme c’est indiqué, de telle sorte qu’on croie que celui qui joue un morceau l’a lui-même composé. »3 Quel meilleur conseil sur le déchiffrage ? Tout est dit ou presque, dans cette lettre.